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[Conférence] L'aventure hydroélectrique du gave d'Aspe
25/02/2025 14:30

Conférence n° 2
L'aventure hydroélectrique du gave d'Aspe
par Mme Régine Péhau-Gerbet
Conférence organisée par Jean-Marie Florès et Patrick Herbreteau
Mardi 25 février, à la Médiathèque André Labarrère de Pau, à 14h30.
Mme Péhau-Gerbet nous a conté l'arrivée de la fée électricité en vallée d'Aspe au début du 20e siècle, en évoquant la réalisation des centrales hydroélectriques, la distribution de l'électricité et les hommes qui ont permis cette réalisation. Avant 1900, il existait peu de production d'électricité (éclairage de Bedous 1889).
Dès 1908, sur le chantier de la voie ferrée Pau-Canfranc, le percement du tunnel hélicoïdal et du tunnel du Somport nécessite l'énergie électrique. Cette énergie sera nommée la houille blanche, car provenant de l'eau des montagnes.
Pendant la guerre 1914-1918, le charbon des mines du nord et de l'est n'est plus disponible, on a recours à l'électricité. Des usines sont implantées en vallée d'Aspe (à Eygun : fabrication d'obus)
Avant 1931, 3 barrages seront construits (Estaens, Anglus et Peilhou), ainsi que 6 usines de production d'électricité (Estaens, Forges d'Abel, Borce, Baralet, Eygun-Lescun, Esquit). Celles-ci sont alimentées par des conduites forcées amenant l'eau des barrages ou de prises d'eau. La centrale d'Asasp ne sera construite qu'en 1962.

En 1928, la ligne ferroviaire Pau-Canfranc est ouverte. Elle est électrifiée, l'électricité étant nécessaire pour que les trains franchissent les pentes importantes.
L'électricité produite est utilisée en vallée d'Aspe (23%), le reste est exporté vers Bayonne, Agen et Laruns (liaison haute-tension).
L'électricité sera utilisée pour l'éclairage public des villes de la vallée et la fourniture aux particuliers : création de la Société Hydroélectrique des Basses Pyrénées (SHBP) dès 1932, qui sera intégrée à EDF en 1946.
Des industries se créent comme Alpâte au Pont de Lescun pour fabriquer de l'aluminium, en 1937. C'est l'usine Toyal qui existe toujours aujourd'hui.
La réalisation de ces grands travaux n'a été possible que grâce aux personnes qui ont vécu cette aventure :
tout d'abord, les ouvriers, pour la plupart espagnols qui ont permis le percement des tunnels, la construction des barrages, la pose des conduites forcées, dans des conditions extrêmes de difficulté et de danger parfois,
Antoine Betran par exemple qui a travaillé sur le tunnel du Somport, le barrage du Peilhou, la conduite forcée d'Estaens, comme tous ses collègues qui passaient d'un chantier à l'autre, puis travaillaient dans le BTP,
les habitants de ces villages en altitude, qui vivaient grâce et au rythme des chantiers,
Jean Lillaz, entrepreneur pour le percement du tunnel du Somport (côté français),
Gino Valatelli, ingénieur qui a travaillé sur le tunnel du Somport côté espagnol (puis la construction de Mourenx ville-nouvelle dès 1957),
le personnel d'exploitation des centrales électriques (les agents de la SHBP) à une époque où il fallait vivre en altitude près de ces centrales. En 1965, les centrales seront automatisées.
Compte-rendu par Patrick Herbreteau et Jean-Marie Florès
Tout commence par la construction du Transpyrénéen, à l’origine de la mise en valeur du domaine hydroélectrique de ce territoire de montagne, à la topographie idéale, traversé par le gave d’Aspe. L’exploitation de cette ressource énergétique, « la houille blanche », va entraîner de grands travaux d’aménagement, d’Urdos à Oloron, essentiellement exécutés au cours du premier tiers du XXe siècle, entremêlant acteurs et entreprises de cette épopée ferroviaire et hydraulique.
Dans son livre, Mme Péhau-Gerbet retrace les grandes étapes de cette aventure, avec ses renoncements et ses conquêtes, des premières usines électriques du chantier ferroviaire au rôle décisif joué par la Première Guerre mondiale, de la conception du projet à la réalisation incomplète du programme des barrages et centrales, des expropriations aux retombées économiques impactant le territoire. Cette histoire invite également à cheminer en compagnie des hommes, entrepreneurs, ingénieurs et ouvriers, au cœur de cette aventure. Chacun, à sa place, dans des conditions souvent difficiles, a œuvré à la construction, l’exploitation ou encore la maintenance des ouvrages hydroélectriques, sans oublier la population locale impliquée, elle aussi, dans ce vaste processus d’équipement.
Aujourd’hui, la production issue de ce bel héritage d’aménagement intégral d’une vallée en chapelets d’usines, représente un inestimable réservoir d’énergie renouvelable pour la vallée d’Aspe et le piémont oloronais.