[Conférence] Chas Laborde
19/06/2024 14:30

Conférence n° 4

Chas Laborde

par M Pierre Castillou

Conférence organisée par Annie Laporte-Fauret


Qui est ce Béarnais, inconnu des Béarnais ?

Son père, marchand ambulant, épouse une jeune fille d’Escout

Un de leurs enfants, Adolphe, partira en Argentine pour échapper au service militaire. Parti avec un autre Oloronais, Félix Mazères, ils prospéreront dans le commerce de luxe. Lorsque Mazères le quitte pour Montevideo, Adolphe, qui était marié avec Croisine, décide de revenir en France avec ses enfants : Félix, Louis, Enrique, Charles.

Adolphe achète le château d’Escout. Mais lorsque Croisine sa mère décède, Charles n’a que 2 ans.

Dès son jeune âge, Charles excelle dans les caricatures et les croquis . Il fait ses études au collège d’Oloron puis à Pau au lycée Louis Barthou. Il y sera interne suite au décès de son père. Comme il n’a que 15 ans, il est mis sous tutelle. Ce n’est pas un bon élève : peu studieux, dissipé, il sera expulsé.

Charles part à Paris et s’inscrit aux Beaux Arts. Il fréquente les marchés afin de vendre ses illustrations à la presse humoristique.

Pour se moquer de la peinture abstraite, il va mettre en scène un âne qu’il va gaver de carottes…Attaché à un arbre, un pinceau lié à sa queue, cet âne, très heureux devant l’abondance de carottes, va remuer sa queue ... et peindre !

Charles continue à dessiner pour la presse, peignant aussi des tableaux représentant les maisons closes et les prostituées lascives ou en petite tenue.

A la déclaration de guerre, il veut s’engager mais il est réformé à cause de sa petite taille ( 1m.61-49 kq ). Réincorporé, il sera à nouveau réformé, étant malade des poumons.

Cependant il continue à dessiner pour un recueil « l’Ecole de la Patience ».

Sa nouvelle compagne, Renée Féraud, le quittera très vite car il est devenu alcoolique.

Ses dessins sont amers et féroces (planqués, profiteurs…). Il illustre des romans de Colette, dessine pour des magazines, fait de nombreux voyages qu’il va illustrer :

« Rues et visages de Paris, Berlin, Londres, New York, Moscou »

« Rues et visages de la révolution de 1936 à Madrid »

De retour en France, très fatigué, ses dessins « Théodore et le petit chinois », seront coloriés par un ami.

Pendant l’Occupation, souffrant de la faim et du froid, il sera hospitalisé et décédera le 30 décembre 1941 à Paris. Il avait 55 ans.

Plus personne ne citera son nom, il tombera dans un oubli complet !


Compte-rendu de Pierre Castillou.



Quelques photos ici.

Né en 1886 à Buenos Aires, Charles Laborde passe son enfance au château d'Escout, près d'Oloron Ste-Marie.
En 1903, à dix-sept ans, il monte à Paris où il fréquente l’académie Jullian et l’école des Beaux-arts, mais sa passion créatrice l’éloigne de l’académisme enseigné. Il préfère croquer le spectacle vivant des marchés parisiens et des grands boulevards. Pour vivre, il propose ses dessins aux magazines « Le Sourire », « Frou-frou », « L’Indiscret » ou « Pêle-Mêle » qui le publient sous le pseudonyme Chas-Laborde.
Installé à Montmartre, il côtoie les artistes de la bohème, tisse des amitiés et se fait un nom. La guerre de 14 freine ses ambitions, les temps sont difficiles, il s’engage au front. 
Les « années folles » lui offrent la reconnaissance, car la créativité explose et la mode est aux « beaux livres », richement illustrés par les plus grands dessinateurs. Ainsi Carco, Mac Orlan, Colette, Giraudoux, Larbaud, Morand, Soupault, Jack London, Anatole France, Marcel Aymé et beaucoup d’autres font appel à lui.
Plus tard, Chas-Laborde inverse les rôles, les auteurs écrivent des textes autour de ses dessins, puis lui-même prend la plume, devient auteur et chroniqueur, voyage à Berlin, en URSS, à New York, Madrid... dont il rapporte des reportages qu’il publie dans « La chronique filmée du mois ».
Hélas ! Les bruits de bottes résonnent dans le vieux continent. Chas-Laborde se désole. Ses états d’âme et sa révolte transparaissent dans son travail : il dénonce le colonialisme et l’exposition coloniale de 1937, défend les Juifs. Tout se dégrade quand les tanks nazis défilent dans Paris...