[Conférence] Promenade archéologique du plateau d'Aguas Tuertas à la vallée d'Ossau
05/06/2023 16:00

Conférence n° 5

Promenade archéologique du plateau d'Aguas Tuertas (Haut-Aragon) aux estives de la vallée d'Ossau

par M. Gérard Blasco

Conférence organisée par Huguette Ferran-Lacôme et Annie Laporte-Fauret

Lundi 5 juin, à la Médiathèque André Labarrère de Pau, à 16h.

Horaire modifié : conférence à 16h.

Pour débuter la promenade archéologique, Gérard Blasco nous propose la visite du musée à ciel ouvert près de Hecho ; c’est un des plus importants musées à ciel ouvert d’Europe mais qui est peu connu. Il a été crée à l’instigation de Pedro TRAMULLAS qui est un sculpteur français d’origine espagnole né à Oloron en 1937.

De 1974 à 1987, il a organisé un symposium international qui a réuni des artistes français et étrangers ; ils ont crée des œuvres variées tantôt en pierre de Pena Forca tantôt en acier ou en bois.Les œuvres monumentales sont exposées à l’extérieur sur la colline aux sculptures tandis que les œuvres plus petites sont exposées à l’intérieur dans une vieille maison pastorale réaménagée.

En 1993, P. Tramullas a réalisé une sculpture « la porte d’Aspe » en pierre d’Arudy, qui se trouve à Oloron, au rond-point de Gurmençon. Plus près de nous, au parc Beaumont à Pau, une sculpture de P. Tramullas qui s’intitule « demeure philosophale » a été installée près du plan d’eau.

Nous continuons à monter dans la vallée de Hecho pour découvrir l’ancien chemin de Compostelle qui part de Lescun en Béarn et qui rejoint Siresa par le col de Paü. C’est le chemin antique de Compostelle ; les marcheurs montaient vers le plateau de Lescun, ils gravissaient le col de Paü et redescendaient vers le monastère San Pedro de Siresa où 120 moines pouvaient les accueillir. Ce monastère a été construit en 833, il ne reste plus aujourd’hui que l’église. L’abandon de ce chemin est venu avec l’édification de la cathédrale de Jaca aux XIeme-XIIeme siècles. La cité est devenue capitale du royaume d’Aragon ; le roi aurait fait dévier le chemin de Compostelle par le col du Somport pour le faire passer par Jaca et en tirer les bénéfices économiques laissés par les marcheurs. G. Blasco souhaiterait vivement que cette voie soit ouverte à nouveau ; il suffirait, dit-il, de la baliser et de prévoir un hébergement pour les pèlerins.

Nous poursuivons notre promenade dans la vallée de Hecho qui recèle des richesses archéologiques considérables. Dans la forêt d’Oza et sur le plateau d’Aguas Tuertas il existe de nombreux sites mégalithiques : dolmens, pierres dressées, cercles de pierres...G. Blasco insiste sur le passé historique de cette vallée. Ce serait dans cette vallée et non à Ronceveau que Charlemagne aurait été vaincu par les Vascons en 778. En montant vers le Castillo d’Acher, on découvre une pierre dressée, les espagnols l’appellent un « mojon ». Un grand nombre de cercles de pierres ont été découverts dans la « Corona de los Muertos » qui furent édifiés du Néolithique (3000 AC) jusqu’à l’âge de Fer (500 AC). Ces constructions ont été considérées comme des monuments funéraires mais certains archéologues pensent qu’il peut s’agir de fonds de cabanes ancestrales. La concentration de dolmens, de cercles de pierres, d’alignement et de menhirs dans la « Corona de los Muertos » caractérise cette région où l’on a trouvé 120 structures circulaires en pierre de différentes périodes de la préhistoire.

La diversité et la multitude de vestiges mégalithiques sont trop importantes pour que je puisse décrire chaque construction comme l’a fait le conférencier. Je me limite à la description de quelques mégalithes pour vous laisser la curiosité de découvrir tous ceux que je n’ai pas retenus.

Dans cette vallée, l’activité principale est le pastoralisme mais il y a une activité industrielle avec l’extraction du fer d’où la couleur rouge de la rivière. La vie est menacée sur le plateau d’Aguas Tuertas car les eaux disparaissent puis ressurgissent et à la confluence de deux cours d’eau, on trouve un tumulus. Un peu plus loin, c’est une meule dormante qui servait à écraser le grain pour se nourrir. Au-dessus du plateau, on voit le Mayo Blanco où l’on trouve une concentration de tumulus et près de la piste apparaît le tumulus del Salto. Près de la mine, un menhir de 4m de long fait le lien avec l’alignement de tombes, c’est un marqueur funéraire. Plus loin, un vestige de dolmen avec une couleur foncée au-dessus indique que les bêtes se sont frottées contre la paroi. Les sépultures pouvaient être regroupées ou au contraire isolées ; les corps étaient quelquefois abandonnés aux vautours puis les os étaient rassemblés dans une tombe. Les vautours, considérés comme des oiseaux sacrés, faisaient le lien entre les hommes et les dieux ; ils sont appelés psychopompes.

Le patrimoine archéologique des Pyrénées occidentales est riche et varié. Les archéologues n’ont pas exploré toute cette richesse, certaines pierres n’ont pas dévoilé leurs secrets. G. Blasco nous a donné néanmoins un aperçu bien documenté de toutes ces pierres, dolmens, menhirs, chromlechs, tumulus, cercles, coffres funéraires aux multiples significations. Il a tenté pour chacune d’entre elles de nous expliquer leur origine et la raison de leur présence. Mais le paysage reste encore à découvrir, c’est ce que je vous propose de faire en prolongeant cette conférence par une randonnée en famille, entre amis. Vous aurez un autre regard sur les pierres que vous rencontrerez et qui vous laissaient sans doute indifférents jusqu’à présent, vous comprendrez mieux le pastoralisme et la vie des sociétés néolithiques qui nous ont légué tant de vestiges.

Compte-rendu par Huguette FERRAN-LACOME


Quelques photos ici.